samedi 5 octobre 2013

La couleur des sentiments de Kathryn Stockett




La couleur des sentiments 
Kathryn Stockett




Babel
624 pages
9,70 €









Résumé

Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l’a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot.
La jeune bourgeoise blanche et les deux bonnes noires, poussées par une sourde envie de changer les choses malgré la peur, vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.


Mon Avis

Le visionnage du trailer "The Help" avait vivement retenu mon attention lors de sa sortie. Lorsque j'ai été le voir au cinéma, j'en ai pris plein les yeux. J'ai ri, souri et été émue durant tout le visionnage. Il fait d'ailleurs partie de mes coups de coeur cinématographiques de ces dernières années ! C'est un film que j'ai vu, revu et rerevu et que je regarde encore avec plaisir. D'ailleurs, je prolongerai la chronique littéraire par la chronique du film dès que je l'aurai reregardé à nouveau !

Il m'a, par contre, fallu plus de temps pour lire le roman. D'une part, parce que financièrement parlant, je n'avais pas les moyens de me payer le grand format, d'autre part, parce que ma bibliothèque ne le possédait pas et qu'une fois qu'elle l'a eu, il est vite devenu impossible de l'avoir. Je ne l'avais pas pris la première fois que je l'avais vu, grossière erreur mais j'allais alors partir en Irlande. Un pays que je ne peux que vous conseiller de visiter d'ailleurs ! Mais là n'est pas la question ). Finalement, c'est mon frère - qui avait, lui aussi, adoré le film - qui me l'a rapporté avec un air triomphal de Bruxelles parce qu'il était sorti en format poche chez Babel ! Encore une fois, je n'ai pas pu me jeter dessus puisqu'il le lisait déjà et avant même de l'avoir fini, ma mère s'était déjà jetée dessus . C'est finalement une lecture commune organisée par Kalea qui m'a permise de m'y mettre sérieusement et de le dévorer !

Parce que oui, La couleur des sentiments est un roman qui se dévore car il est merveilleusement bien écrit. L'auteur a une très belle plume. Les mots sont justes, forts et nous entraînent à une vitesse vertigineuse !

En outre, l'auteur crée un rythme très agréable. Elle divise son roman en trois parties. En effet, le lecteur suit, chacune à leur tour, les trois héroïnes :  Aibileen  Minny et Skeeter. K. Stockett modifie le ton, la maîtrise de la langue et sa saveur selon l'héroïne qui raconte l'histoire. Trois personnages, trois personnalités très différentes donc. 

Skeeter est la plus jeune des trois, bien qu'ambitieuse, elle souffre clairement d'un manque de confiance en soi et est, par certains aspects, fragile. Pourtant, ça ne l'empêche pas de faire preuve de maturité et de courage. Grâce à ces qualités, elle n’apparaît jamais comme quelqu'un de mièvre. Elle devient bien vite une amie à laquelle le lecteur s'attache et qu'il souhaite voir réussir et surtout être heureuse. 

Aibileen est probablement le personnage le plus attachant de cette histoire car elle est celle qui souffre le plus des différences. Elle s'occupe des petits enfants blancs qui deviennent, à leur tour, sensibles à la couleur de la peau et finissent par rejeter celle qu'ils ont aimé et qui les a tout autant aimé en retour. Elle traite de sa vie avec une gravité qu'elle adoucit néanmoins et qu'elle traite aussi avec beaucoup d'humour. L'épisode sur le café me fait, à chaque fois, mourir de rire. Elle arrive à parler des sujets pénibles avec justesse mais aussi avec beaucoup de tendresse. Je pense pouvoir dire qu'elle est une femme merveilleuse et formidable. Elle apparaît parfois comme la figure de la sagesse. Tout comme Skeeter, elle est le personnage le plus courageux de ce roman. Elle est la première à s'engager dans l'aventure avec Skeeter et tout au long du roman, le lecteur ne peut que transir pour ces deux femmes. 

Et puis, finalement, pour les trois femmes de ce roman lorsqu'elles sont rejointes par Minny, la grande gueule de l'histoire. Minny est l'exemple même de la rébellion, elle n'accepte pas sa condition et méprise les blancs bien plus qu'ils ne la méprisent elle-même. Mais Minny sous ses airs revêches, est une grande âme, une bonne amie, une confidente. Une femme fragile également bien que forte par bien des égards. C'est un être bien plus sensible qu'il n'y paraît au premier abord et comme les deux autres, elle subit elle aussi son lot de souffrance.

J'ai admiré chez K. Stockett, le relief qu'elle donne à ses personnages. Ils ne sont pas un trait de caractère comme c'est le cas dans certains romans, ils ont une véritable personnalité, des facettes différentes qui fait que nous pouvons réellement nous mettre à leur place. Nous sentons le travail de l'auteur et je peux vous dire qu'elle livre aux lecteurs, un travail de qualité ! 

Par ailleurs, elle ne délaisse pas les autres personnages du roman et tous ont une personnalité complexe. Les amies de Skeeter, les employeurs de Minny, tous ont quelque chose à apporter et permettent de révéler une nouvelle personnalité, une nouvelle émotion, un nouveau sentiment. Certains m'ont épaté par leur comportement et j'ai salué leur maturité et leur amour pour leur bonne. 

J'ai eu pitié d'Elizabeth, j'ai soupiré devant son immaturité voire même sa bêtise, elle est enfermée en elle-même et ne vit finalement sa vie que par procuration, au travers des autres, du regard des autres et des opinions des autres. J'ai détesté Hilly pour sa haine, féroce, à l'encontre des noirs, pour sa méchanceté gratuite. Au point que je me suis demandée parfois ce qu'elle avait bien pu vivre pour qu'elle haïsse à ce point de pauvres gens qui ne lui avaient strictement rien fait si ce n'est d'être né noir. Elle camoufle clairement ses propres propres problèmes en les projetant dans sa haine contre les noirs. 

Celia, quant à elle, est le personnage qui m'a le plus surpris tellement sa personnalité est différente de celle développée dans le film. Plus bébéte, elle est également bien plus en souffrance et je pense que le lecteur s'attache à elle en même temps que Minny.

L'auteur a également su traduire la ville de Jackson, les habitants mais aussi le décor, les maisons, les champs, les routes et surtout la chaleur de la région. Sans que l'auteur ne s'étende et ne se perde dans les descriptions, je peux vous dire que le lecteur sait où il est et a autant chaud que les personnages du roman. 

Je dois aussi saluer la recherche historique de l'auteur qui traduit bien sûr une histoire mais qui devient aussi une chroniqueuse du passé. Elle nous livre un pan du passé américain, de la condition des noirs, des mentalités qu'il pouvait y avoir à l'époque. Et j'ai aimé sa capacité de ne pas traiter l'ensemble de manière manichéenne, tout n'est pas noir et tout n'est pas blanc ce qui renforce le réalisme de cette histoire. Je peux vous dire que j'ai hâte de lire d'autres livres traitant de ce sujet ! C'est une partie de l'histoire que je ne connais pas spécialement mais qui a retenu mon attention. 

Enfin, je terminerai cette critique en parlant du dernier chapitre du roman. K. Stockett y parle de sa propre histoire, de sa bonne Démetrie à qui elle dédie le livre. Et parce qu'elle a elle-même vécu ce dont elle parle, K. Stockett a su, je pense, donner à ce roman un supplément d'âme !

Bref, je ne peux que vous conseillez La couleur des sentiments. C'est un livre incroyable par bien des aspects ! L'auteur nous conte une histoire exceptionnelle, nous livre des personnages attachants et nous offre une séance forte en émotion. C'est un roman que je relirai !




3 commentaires:

  1. Un livre superbe ! Mon coup de coeur pour cette année. Hop, billet ajouté !

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  2. Je suis entièrement d'accord avec l'ensemble de ta critique ! J'ai l'impression de me relire, moi aussi j'ai souligné le refus du manichéisme de l'auteur… N'hésite pas à venir me rendre visite, si cela t'intéresse ! A bientôt !

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    1. Le refus du manichéisme est vraiment l'un des points forts de ce roman !

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